J’aurais voulu qu’on me dise que le bonheur, c’est d’accepter sa souffrance. Moi qui ai lutté contre depuis tout ce temps. J’aurais voulu comprendre plus tôt que le remède est inclus dans le poison et que l’épreuve est précisément le fils d’Ariane qui me guide pas à pas, jour après jour, vers la meilleure version de moi-même.
Par chance, j’ai vécu une expérience salutaire, un mal qui me veut du bien qui m’a permis de découvrir que toute épreuve, aussi douloureuse soit-elle, représente une opportunité de renaître et de devenir moi.
J’ai réalisé, que ce tremblement de terre psychique, cette inondation menaçant de m’anéantir, cherchait au contraire à me restituer à moi-même pour que je devienne actrice de mon destin, plus authentique à mes vrais désirs et à mes valeurs et non à ceux préfabriqués et imposés de l’extérieur.
Mais alors, qu’est-ce que le bonheur ?
On pense beaucoup au bonheur, ce petit mot ô combien magique et séduisant qui pour beaucoup d’individus résulte en l’absence de souffrance, quelque part entre rêve et réalité. . Il est vrai, qu’on nous a appris à cloisonner, de façon binaire et rigide le « bien » et le « mal », tout comme à acclamer les émotions positives et à diaboliser les négatives.
Et, en bons élèves, nous nous cramponnons avec enthousiasme « aux bons » en rejetant anxieusement « les mauvais » sans penser un instant que, l’énergie que nous dépensons à écarter tout ce qui nous déplaît, nous fait peur et nous dérange, au lieu de les neutraliser, les fortifient chaque jour davantage.
L’affolement qui nous saisit lors du contraire du bonheur, dans la maladie, l’infortune, la vieillesse, le désamour, le manque, la perte, vient principalement du refus de les reconnaître, de les tolérer, de les considérer comme légitime et faisant partie de la vie. Non seulement ces situations font parties de la vie mais elles peuvent comporter un message positif à qui sait le regarder et l'entendre.
« Le bonheur ne peut s’éprouver qu’en alternance avec son opposé, son contraire ».
Aussi, les circonstances de trouble, de rupture d’équilibre, nous encouragent à nous interroger sur notre personnalité et notre identité profonde. « Qui suis-je ? » « Quels sont mes vrais désirs ? » Elles nous invitent à nous repenser, en nous obligeant à « oser-être » nous.
Albert CAMUS l’avait bien compris quand il a écrit : - Qui vous a appris tout cela, docteur ? La réponse vint immédiatement. - La misère.
Devenir soi, celui qu’on a toujours été sans jamais oser l’être est une quête graalienne qui exige du travail et de la persévérance, car elle ne s’effectue rarement pendant les périodes de paix, lorsque tout va bien, mais le plus souvent à l’occasion de phase de crise, lorsque plus rien ou presque ne va, après la tombée des défenses et des masques. Dans ce périple, la patience est d’or et l’empressement à se trouver magiquement à destination prive le voyageur du charme du trajet, des délices et des surprises des étapes intermédiaires et sa hâte excessive, le pousse à brûler les étapes, à se désimpliquer et à être sourd et aveugle de son processus d’évolution.
Devenir soi représente le seul projet et l’unique but sérieux, précieux, valable, supérieur à tout dessein, de la naissance à la fin de vie. Il garantit aux adultes de pouvoir accéder, pour leur propre compte, au bonheur.